Un passage du fameux Discours de la Servitude volontaire (1576) me semble d’une actualité vitale.

La Boétie y reprend un récit de l’Antiquité : les Grecs défendent leur territoire envahi par l’Empire perse, supérieur par l’effet de masse et les moyens militaires. Deux émissaires vont rencontrer un des généraux qui les assiègent. Il les accueille dans son palais luxueux en leur disant « Si vous acceptiez la tutelle de mon Roi, voyez comme vous seriez traités, vous auriez un tel palais et une ville à vous ! ». Les Grecs lui répondent que c’est un bon conseil venant de quelqu’un qui connaît ces avantages.

 » Le bien que tu nous promets, tu l’as essayé, mais celui dont nous jouissons, tu ne sais ce que c’est : tu as éprouvé la faveur du roi ; mais de la liberté, quel goût elle a, combien elle est douce, tu n’en sais rien. Or, si tu en avais tâté, toi-même tu nous conseillerais de la défendre, non pas avec la lance et l’écu, mais avec les dents et les ongles ».